Les catholiques de Chine |
Au cours du pélérinage, le Père Wang nous a souvent parlé du Père Jean Charbonnier. Prêtre des Missions Etrangères de Paris, Jean CHARBONNIER est responsable du Relais France-Chine. Il a vécu 30 ans en milieu chinois. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur les chrétiens de Chine. Il anime le relais France-Chine des M.E.P. |
Il a été aussi question de Dorian Malovic et de son livre "Le Pape jaune" journaliste à la Croix, Paris, Perrin 2006, 292p. Ci-dessous, la présentation de ce livre par J. Charbonnier: Attentif aux affaires de l’Eglise en Chine depuis près de trente ans, Dorian Malovic bénéficie d’une longue expérience sur le terrain, grâce à un séjour de plusieurs années à Hongkong et de nombreuses visites sur le continent. Son ouvrage déborde en fait la seule personnalité de l’évêque de Shanghai Mgr Jin Luxian, ou plutôt il situe bien ce personnage d’exception dans le contexte de l’évolution du régime communiste chinois et de sa politique religieuse. Présentant son livre à un public catholique français dans l’auditorium des Missions Etrangères de Paris le 22 février dernier, l’auteur s’est attardé sur la première visite en France du nouvel évêque officiel de Shanghai en 1987. Ce fut pour lui un choc psychologique dont il décrit fort bien les éléments. Car c’était la première irruption dans le milieu catholique français d’un évêque nommé sans l’accord du Saint Siège sous l’égide du gouvernement communiste chinois. Shanghai laissait des souvenirs cuisants chez les missionnaires et les hommes d’affaires français. Les ouvrages des jésuites de Shanghai, en particulier "Les enfants dans la ville" du P. Monsterleet avaient été beaucoup lus. On se souvenait de la mort tragique du P. Béda Tsang et des trente années d’emprisonnement de l’archevêque de Shanghai Mgr Gong Pinmei. Et voici qu’un évêque « constitutionnel » osait se présenter à Paris grâce à une invitation de l’archevêque de Lyon Mgr Decourtray, son ami personnel. Les jésuites refusaient de le recevoir. Il fut heureusement accueilli aux Missions Etrangères. Sa conférence en excellent français fut écoutée dans une atmosphère plutôt glaciale mais aussi avec des réactions chaleureuses et enthousiastes de la part de quelques uns. Le livre de Dorian Malovic aide à comprendre les réticences des jésuites anciens de Shanghai. Après ses études à Rome et ses visites en Europe, le Père Jin choisit de rentrer en Chine en 1951 malgré des avis défavorables. Dans le même esprit que le futur évêque anglican Ding Guangxun, il pensait que l’Eglise en Chine devait tenter sa chance sous un régime qui avait libéré le pays des emprises coloniales étrangères. Alors que ses confrères souffraient des contraintes imposées par la campagne de réforme de l’Eglise au nom des Trois autonomies de gouvernement, de financement et d’exercice du culte, le jeune jésuite Jin, supérieur du grand séminaire, conseillait de se soumettre au nouveau gouvernement pour sauver l’avenir de l’Eglise en Chine. Autant dire que sa position était fort mal acceptée du personnel missionnaire alors en plein désarroi. Et comme lui aussi était arrêté lors de la fameuse raffle de septembre 1955, on le soupçonna d’avoir révélé les noms des personnes impliquées dans un réseau de résistance catholique. Ce qui explique peut-être le jugement sévère porté sur lui par le Père Ladany, observateur qualifié des événements de Chine depuis sa retraite de Hongkong où il publiait le China News Analysis. Après la débâcle missionnaire des premières années 1950, ce fut une série d’épreuves cruelles pour le clergé chinois et même dix années d’anéantissement complet des cultes religieux au cours de la grande révolution culturelle prolétarienne de 1966 à 1976, année de la mort de Mao Zedong. Le Père Jin put sortir de prison ou plutôt occuper ses années d’internement d’une façon plus supportable que beaucoup d’autres grâce à sa connaissance des langues européennes. Certains lui en font grief. Mais il n’est pas le seul jésuite à avoir fait des traductions au service du Parti. Dorian Malovic s’attarde aussi sur un autre défi auquel le Père Jin dut faire face lorsqu’on lui proposa d’être évêque auxiliaire du vieil évêque officiel de Shanghai Mgr Zhang Jiashu. L’archevêque légitime Mgr Gong Pinmei était encore en prison. Jin accepta après mûre réflexion, portant en lui l’espoir de pouvoir améliorer peu à peu la situation de l’Eglise. Il ne se trompait pas. Ancien supérieur du séminaire de Shanghai, il eut à cœur de reprendre en main la formation des prêtres et fit bâtir un nouveau grand séminaire au pied de la colline de Sheshan. Son confrère jésuite de Taipei, le père américain Malatesta fournit la bibliothèque de plus de 20.000 volumes. Dans les premières années 90, Jin prit l’initiative d’accueillir des professeurs de Taïwan, Hongkong et autres pays. Il envoya aussi des séminaristes et des prêtres en Amérique et en Europe, assurant ainsi la formation d’un futur corps professoral. Un grand retard devait être rattrapé, les documents du concile de Vatican II n’ayant atteint le séminaire de Shanghai qu’à sa réouverture en 1982. En même temps Mgr Jin veillait à l’ouverture de nombreuses nouvelles églises dans son diocèse de Shanghai. Une imprimerie catholique était installée grâce à des soutiens financiers allemands. L’ouvrage de Dorian Malovic parle assez peu de ces miracles financiers accomplis par Mgr Jin « grâce à l’intercession de St Joseph » aimait-il à dire et en même temps grâce à de nombreux déplacements en Amérique et en Europe. Chacune de ces sorties de Chine lui demandait environ 8 autorisations à obtenir de différents bureaux. Davantage pourrait aussi être dit sur les multiples réalisations pastorales de l’évêque, qu’elles soient couronnées de succès ou non. L’un de ses soucis les plus marquants a été la formation spirituelle des prêtres. Il a souffert de l’abandon de plusieurs d’entre eux, entre autre l’abandon de celui qu’il avait mis à la tête du grand séminaire. Cette déception est bien signalée dans le livre. Il y en a eu bien d’autres. Conscient d’un besoin de formation permanente pour les jeunes prêtres et religieuses, Jin a fait bâtir une maison spécialement conçue pour des sessions et retraites à Jinze environ 50 km au sud ouest du centre ville. |
Le pape Benoît XVI s'est adressé aux catholiques de Chine dans une lettre du 27 mai 2007, qui a fait l'objet d'une note explicative, ouvrant peut-être une nouvelle étape pour les catholiques de Chine. |
Cette lettre a donné lieu, d'ailleurs, à l'éditorial ci-dessous dans "La Documentation catholique" n° 2384 du 15 juillet 2007. |
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En septembre 2007, dégel des relations Vatican/Chine ? |
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Résolution du Parlement européen du 8 septembre 2005 sur les violations des droits de l'homme en Chine,notamment en matière de liberté de religion — vu sa résolution du 28 avril 2005 sur le rapport annuel sur les droits de l'homme dans le monde en 2004 et la politique de l'Union européenne en matière de droits de l'homme(1) , — vu sa résolution du 24 février 2005 sur les priorités et les recommandations de l'Union européenne dans la perspective de la 61è session de la commission des droits de l'homme des Nations unies à Genève (du 14 mars au 22 avril 2005)(2) , — vu le rapport et les recommandations du séminaire sur le dialogue entre l'Union européenne et la Chine des 20 et 21 juin 2005, — vu la déclaration commune du Sommet Chine-UE du 5 septembre 2005, — vu l'article 115, paragraphe 5, de son règlement, A. bien conscient que les persécutions religieuses en Chine sont un problème général qui touche de nombreuses églises et communautés religieuses, notamment les chrétiens, les bouddhistes tibétains et les musulmans, B. considérant que le respect des droits de l'homme est une priorité essentielle des politiques de l'Union européenne et l'un des principes fondamentaux de l'Union; C. considérant que la promotion des droits de l'homme telle qu'établie dans les traités est un objectif de politique étrangère et de sécurité commune; D. considérant que le Sommet Chine-UE du 5 septembre 2005 a marqué le 30e anniversaire des liens diplomatiques entre la Chine et l'Union européenne avec la conclusion d'un accord sur un nouveau dialogue stratégique; que la question des droits de l'homme est l'une des questions clés à traiter inscrite à l'ordre du jour; E. considérant que le dialogue sur les droits de l'homme entre la Chine et l'Union européenne place la liberté de culte ou de croyance au nombre des priorités, F. considérant que, bien que l'article 36 de la Constitution de la République populaire de Chine prévoit la liberté de croyance religieuse, les autorités cherchent en réalité à limiter les pratiques religieuses aux organisations acceptées par le gouvernement et aux lieux de culte agréés, et à contrôler la croissance et l'ampleur des activités des groupes religieux, G. considérant que les nouvelles règles chinoises en matière de questions religieuses, qui sont entrées en vigueur le 1er mars 2005, ont resserré le contrôle du gouvernement sur l'activité religieuse, H. considérant que, parmi d'autres dénominations chrétiennes, l'église catholique en République populaire de Chine a subi une longue période de persécution et est toujours contrainte d'agir partiellement clandestinement en raison de ces pratiques; I. considérant que les autorités chinoises ont intensifié leur contrôle des églises protestantes non agréées et leur ingérence dans le processus de nomination des évêques; J. considérant qu'une grande partie du clergé chrétien a subi une répression brutale, ne pouvant ni tenir de célébrations publiques, ni exercer son ministère; profondément préoccupé par l'augmentation des arrestations arbitraires, la torture, les disparitions inexpliquées, les réclusions, l'isolement et les camps de rééducation dont sont victimes le clergé et les laïcs chrétiens; 1. demande au gouvernement chinois de mettre fin à la répression religieuse et de veiller à ce qu'il respecte les normes internationales en matière de droits de l'homme ainsi que les droits religieux, en garantissant la démocratie, la liberté l'expression, la liberté d'association, la liberté des médias, et la liberté politique et religieuse en Chine; 2. prie instamment le gouvernement chinois de supprimer la différence entre communautés religieuses agréées et non agréées, comme le suggère le Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction depuis 1994; 3. demande à la Commission et au Conseil d'expliquer aux autorités chinoises qu'un partenariat réel ne peut se développer que lorsque les valeurs partagées sont pleinement respectées et mises en pratique; 4. prie la Commission, le Conseil et les Etats membres de soulever spécifiquement la question de la persécution des chrétiens chinois et d'obtenir du gouvernement chinois: a) des informations sur la situation des évêques catholiques Mgr James Su Zhimin (diocèse de Baoding, Hebei), 72 ans; Mgr Francis An Shuxin (évêque auxiliaire du diocèse de Baoding, Hebei), 54 ans ; Mgr Han Dingxian (diocèse de Yongnian/Handan, Hebei), 66 ans ; Mgr Cosma Shi Enxiang (diocèse de Yixian, Hebei), 83 ans ; Mgr Philip Zhao Zhendong, (diocèse de Xuanhua, Hebei), 84 ans ; Frère Paul Huo Junlong, administrateur du diocèse de Baoding, 50 ans ; Mgr Shi Enxiang (diocèse de la province de Yixian Hebei), 83 ans; ainsi que des informations sur les prêtres disparus et arrêtés, à savoir Zhang Zhenquan et Ma Wuyong (diocèse de Baoding, Hebei); Frère Li Wenfeng, Frère Liu Heng, et Frère Dou Shengxia (diocèse de Shijiazhuang, Hebei); Frère Chi Huitian (diocèse de Baoding, Hebei); Frère Kang Fuliang, Chen Guozhen, Pang Guangzhao, Yin Ruose, et Li Shujun (diocèse de Baoding, Hebei); Frère Lu Xiaozhou (diocèse de Wenzhou, Zhejiang); Frère Lin Daoming (diocèse de Fuzhou, Fujian); Frère Zheng Ruipin (diocèse de Fuzhou, Fujian); Frère Pang Yongxing, Frère Ma Shunbao, et Frère Wang Limao (diocèse de Baoding, Hebei); Frère Li Jianbo (diocèse de Baoding, Hebei); et Frère Liu Deli; et exige la libération sans condition de tous les catholiques chinois incarcérés en raison de leurs convictions religieuses et de cesser immédiatement toutes formes de violence à leur encontre; b) des informations sur la situation du Pasteur Zhang Rongliang (53 ans), l'un des fondateurs de la Chine pour l'Eglise du Christ, un groupe qui comprend plus de 10 millions de chrétiens, qui a été arrêté le 1er décembre 2004 et qui est toujours incarcéré sans procès; exige la libération sans condition de ce pasteur et de tous les autres chrétiens chinois incarcérés pour des motifs religieux et de cesser immédiatement toutes formes de violence à leur encontre; 5. exhorte le gouvernement chinois à mettre en œuvre l'article 36 de la constitution de la République populaire de Chine et à ratifier et à mettre en œuvre la Convention internationale sur les droits civils et politiques et la Convention internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels; 6. prend acte que le gouvernement chinois a finalement accepté la demande du rapporteur spécial sur la liberté de culte ou de croyance et le rapporteur spécial sur la torture de se rendre en Chine avant la fin de l'année; invite le gouvernement chinois à fixer une date dans un futur proche pour cette visite; demande aux autorités chinoises de permettre au Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction de rencontrer le Panchen Lama désigné par le Dalaï Lama; 7. se félicite de l'existence d'un dialogue structuré sur les droits de l'homme entre l'Union européenne et la Chine; exprime sa déception devant le manque de résultats substantiels provenant de ce dialogue; invite le Conseil et la Commission à aborder ce sujet préoccupant durant la prochaine rencontre sur les droits de l'homme entre l'UE et la Chine, dans le cadre d'une évaluation approfondie de l'efficacité du dialogue structuré; 8. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des Etats membres et des pays candidats, aux pays membres de la commission des Nations unies pour les droits de l'homme et au gouvernement de la République populaire de Chine. (1) Textes adoptés de cette date, P6_TA(2005)0150 (2) Textes adoptés de cette date, P6_TA(2005)0051
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